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5 juin 2007

La première "entreprise" de France

Les métiers de l’artisanat

artisanatLa France est une grande nation politique, héritière d’une longue histoire, exigeante en politique (les 85% de participation), c’est un pays foisonnant d’idées et d’initiatives, dont la productivité horaire est très élevée... et pourtant, la situation actuelle n’est pas reluisante : délocalisation, délitement du tissu industriel, précarité, chômage, etc.

Les problèmes qui touchent les artisans et les petites entreprises rejoignent les préoccupations d’une grande majorité de Français, et ils ne pourront pas être résolus sans s’attaquer à leur racine. Mais pour cela il nous faut un diagnostic pertinent.

Les partis politiques dominants se sont transformés en gestionnaires des conséquences de la mondialisation, et ils n’ont finalement proposé que des mesurettes : traitement social du chômage au lieu d’en saisir les causes, emplois tremplins pour telle catégorie, assistanat pour l’actionnariat des grandes entreprises à hauteur de 65 milliards d’€, sans véritable création d’emplois [1]. Ne jetons la pierre à personne et laissons le bénéfice de la bonne foi. Mais exigeons un droit d’inventaire.

Ces 30 dernières années, la part salariale dans le PIB de la France a perdu 10%, passant de presque 70% en 1975 à moins de 60% en 2005, ce qui a fait passer la rente de 30% à 40%. Cela représente une perte annuelle de 150 milliards d’€, passés des salaires au sens large (salaire net, cotisations et impôts) vers la bourse. Au lieu d’alimenter notre pouvoir d’achat, les différents comptes de la Sécu et le budget de l’Etat (et ainsi combler son endettement), cette part du PIB passe dans les circuits d’une économie financière guidée par le court terme, et qui tyrannise nos entreprises. On nous avait promis que plus de croissance entraînerait plus d’emplois. Pourtant, les derniers chiffres du Bureau International du Travail sont éloquents : la croissance mondiale a été de 5% (on n’a jamais autant produit et échangé) et le taux de chômage mondial a augmenté de 2%. Comment en est-on arrivé là après le faste des Trente glorieuses ?

Petit retour en arrière. Les années 70 représentent un virage dans l’économie mondiale. En 1944, après le krach de 1929, et à la fin de l’horrible 2nde Guerre mondiale, les accords de Bretton Woods vont poser les bases d’une organisation économique du monde. Celle-ci va donner un cadre politique à la finance, à la monnaie et au commerce international, et permettre l’essor des Trente glorieuses. Au moment même où les libertaires remettaient en cause les cadres de l’éducation et de l’instruction (pour le meilleur et souvent pour le pire), les libéraux s’attaquaient aux règles de l’économie mondiale, guidés par une idéologie déjà ancienne selon laquelle le commerce et la finance devaient s’autoréguler spontanément. Chaque région du monde devait naturellement trouver sa spécialisation économique. Aujourd’hui, certains attendent encore que la Chine se spécialise enfin pour espérer une amélioration en France... Jamais nous n’atteindrons les mêmes conditions salariales, sociales, sanitaires et environnementales que certains pays asiatiques. Notre économie est condamnée à ne pas être compétitive si nous ne sommes pas capables d’imposer de nouvelles règles à ce laxisme économique. Et pendant que nos élites s’imaginent que nous allons pouvoir nous transformer en une société d’ingénieurs et de services, c’est notre recherche, nos services comptables, etc. qui commencent à se délocaliser.

Les métiers de l’artisanat, en plus d’un problème de débouché, lié à ce contexte de concurrence déloyale de certains produits à bas-coût, souffrent d’un déficit d’image, et donc d’un problème de recrutement. Là aussi, depuis quelques décennies, une vision de l’histoire s’est diffusée : celle de la fin du travail et de l’idéal d’une société de loisirs et de haute technologie. Un pays n’est pourtant pas viable sur le long terme sans savoir-faire manuel ni artisans, sans savoir-faire industriel ni ouvriers. Ce sont des professions nobles qu’il faut protéger. Se pose donc la question de la formation. Il faut redonner à nos jeunes le goût de l’effort et du travail bien fait, qu’ils perdent en étant souvent surprotégés. Les diplômes professionnels doivent être revalorisés. Mais pour cela il faut sortir de la logique absurde dans laquelle nous sommes entrés. Les objectifs européens Education 2010 tablent sur 80% d’une classe d’âge à niveau IV (BAC) et 100% à niveau V (BEP, CAP). Or, tous les moyens sont malheureusement bons pour faire du chiffre : contrôle continu, diminution des exigences, incitation à la générosité lors des corrections... Si les objectifs doivent être atteints, ils le seront, mais à quel prix ? Par ailleurs, l’apprentissage et la formation en alternance doivent aussi être valorisés, par une meilleure information dans les collèges et lycées.

[1] Seuls 6 milliards d’€, soit moins de 10% de cette somme, sont réservées aux PME qui représentent pourtant 99% des entreprises et 63% des actifs du privé. Et les sommes réservées aux TPE qui représentent 97% des entreprises et 38% des actifs du privé sont encore plus modestes.

 

 

Quelques propositions

Politique étrangère

La politique étrangère est le socle de toutes les politiques. La France, attendue sur la scène internationale, doit parler au monde, pas uniquement à l’Europe, pour défendre une politique d’indépendance et de coopération.

— Les dangers à l’échelle mondiale sont grands : accroissement des inégalités, choc des cultures suite aux effets de la globalisation marchande et financière, dégradation des conditions environnementales. La libre circulation actuelle ne fait qu’enrichir une oligarchie mondialisée au détriment de la majorité des populations qui s’appauvrissent, chez nous comme dans les pays du sud. La France doit avoir le courage de mettre à l’ordre du jour des relations internationales deux propositions fondamentales qui pourront rassembler des coalitions majoritaires de pays :

— un nouveau traité sur la monnaie et la finance ;

— un nouveau traité sur le commerce international.

Economie du travail

Le travail est un facteur essentiel de l’intégration sociale et de la citoyenneté. La doctrine de la division internationale du travail, selon laquelle la France devrait se spécialiser dans la haute valeur ajoutée et les services, empêche la défense du principe d’un tissu économique complet pour notre pays et entraîne la désindustrialisation et le sacrifice de pans entiers de notre économie.

— Mettre en place un Fonds national d’investissement regroupant la participation, l’actionnariat salarié et l’épargne salariale : pour constituer des fonds d’investissement qui puissent faire contrepoids aux fonds de pensions étrangers.
— Mobiliser une partie significative de l’assurance-vie vers les PME innovantes.
— Mesures fiscales spécifiques pour les TPE : abattement dégressif sur le bénéfice imposable réalisé durant les 3 premiers exercices ; déductions pour l’investissement matériel et immatériel ; simplification des bulletins de salaire sur le modèle du chèque emploi service.
— Mettre en place une sécurité sociale professionnelle (création d’un nouveau "risque"), cogérée par les partenaires sociaux et donnant droit à formation pour les salariés : dans les organismes de formation, les écoles ou à l’université. Couverture chômage en cas d’échec d’un projet de création de petite entreprise.
— Réformer les 65 milliards d’aides aux entreprises (exonérations de cotisations sociales et de taxes, financement public d’installations…), qui s’apparentent à de l’assistanat, sans de réels retours sur l’emploi, pour apporter plus de visibilité à ce dispositif et réaffecter ces sommes si nécessaire.
— Promouvoir l’introduction de tarifs douaniers différenciés par pays et par produit dans le cas de dumping fiscal, social, environnemental ou monétaire de la part des pays exportateurs. Mettre en place un label « fabriqué en France » contrôlé par le ministère de l’industrie.
— Mettre en place, avec les pays nouvellement entrés dans l’Union européenne, de façon transitoire, des montants compensatoires négociés et incluant des protections réciproques sur la base de l’écart des rémunérations (incluant les cotisations sociales) et du niveau technologique.

Ecole

Par notre capacité à transmettre, l’instruction est avec l’éducation et la politique, l’un des trois lieux de la construction de notre avenir et de celui des générations suivantes. Malgré des réussites indiscutables, un effort financier dans le budget de la nation et un dévouement quotidien des personnels, notre Education nationale traverse de grandes difficultés. L’école est la caisse de résonance des problèmes qui frappent notre société toute entière. Relever le défi de la massification, redonner son sens à la transmission ainsi qu’à la distinction entre l’éducation et l’instruction, cesser de dénigrer la formation professionnelle et en particulier celles qui conduisent à des professions dites manuelles.

— En primaire, rétablir le nombre d’heures consacrées aux apprentissages fondamentaux, diminué ces dernières années : lecture, écriture, calcul, histoire, géographie, "leçons de choses".
— Redonner leur niveau d’exigence aux diplômes, qui doivent rester nationaux.
— Développer la formation en alternance et rendre toute sa noblesse à l’apprentissage, ils offrent des débouchés solides.

Pour un programme plus détaillé : www.plateforme2007.net

 

 

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