Le projet d'un tabloïd "à la française" abandonné par le groupe allemand Axel Springer

Le bide du « Bild » à la française

Le projet d’un quotidien “populaire” en France, à l’image de ces tabloïds florissants dans la presse américaine, britannique ou encore allemande, vient d’être abandonné par Andreas Wiele, président du groupe allemand Axel Springer.

Cela faisait déjà un an qu’une équipe de 40 personnes préparait le lancement à l’automne de ce journal “pipole” : faits divers, déballage de vie privée, photos chocs, émotions fortes, etc. Vendu à 60 centimes, et vivant essentiellement des revenus de la publicité, ce “Bild” à la française (du nom du quotidien le plus vendu outre-Rhin, voyez par vous-mêmes) devait concurrencer la presse quotidienne française, pour un investissement de 120 millions d’euros. « Nous avons conclu qu’il y avait plus de risques à prendre que de chances de réussir ce lancement, affirme M. Wiele dans une interview au Figaro. Nous connaissions les spécificités historiques du marché français, mais pensions trouver des solutions à chaque problème ».

Quels étaient donc ces obstacles spécifiques ?

Tout d’abord, selon les investisseurs, l’insuffisance du nombre de points de vente. « En Allemagne, il existe 115 000 marchands de journaux pour 80 millions d’habitants. En France, il y a moins de 30 000 vendeurs pour 60 millions d’individus ». Car le marché de la presse en France est davantage encadré que chez nos voisins : n’est pas vendeur qui veut. Et l’exigence d’une création de 10 000 nouveaux points de vente pour lancer un tel journal n’a pas été satisfaite. Par ailleurs, la perspective d’« éventuelles grèves » pouvant perturber le projet n’a pas enchanté la direction.

De plus, poursuit Andreas Wiele, « nous craignions que notre contenu rédactionnel pâtisse de la loi sur la protection de la vie privée en France. » Encore une “entrave à la libre concurrence” qui finira bien par être démantelée par une directive européenne. En attendant, le journal Le Parisien travaille sur son propre projet de tabloïd, qui devrait plus ressembler à de la photographie légendée qu’à un véritable journal d’information.