Ubu chez Orange !
« Le service Orange, satisfait quand vous l’êtes ». Le slogan est prometteur, la réalité moins reluisante. Avec la suppression de la boutique d’Altkirch, alors que l’opérateur historique était le seul présent physiquement dans le secteur, il fallait s’attendre à des mécontents, et son lot de situations ubuesques. Le témoignage qui suit entrera sans doute en résonance avec l’exaspération de nombreux usagers, pardon, clients de l’ex-service public.
Fermée le 4 juillet 2016, soi-disant pour manque d’affluence durant l’été, l’antenne sundgauvienne d’Orange avait définitivement tiré ses rideaux le 19 septembre, le « service communication de l’opérateur » ayant prétexté d’une « adaptation de son réseau » et expliqué que les clients pourraient contacter les services « par Internet ou par téléphone ». Jugeons sur pièce.
Voici donc un client qui a vu son smartphone s’évanouir dans ses bras et qui, au bout de ses efforts pour le réanimer, souhaite soumettre le défunt à un technicien patenté, croque-mort de la dernière chance (on ne sait jamais). Pas grand-chose à tirer de la jungle, soigneusement entretenue, du site de l’opérateur. La seule solution pour un Sundgauvien profond est se déplacer jusqu’à Belfort, Saint-Louis, Mulhouse ou Illzach, pour tenter de rencontrer un Humain, un vrai.
- Bonjour, mon téléphone ne réagit plus, pouvez-vous m’aider ?
- Le technicien n’est pas là aujourd’hui. Il faudra revenir.
- Ah… je ne viens pas ici tous les jours, j’ai 45 minutes de route. Bon, je téléphonerai avant pour vérifier si le technicien est là.
- Euh, pas possible… nous n’avons ni mail ni numéro pour nous joindre.
- Quoi, dans un temple de la communication comme celui-ci ? !
- Mais vous pouvez prendre rendez-vous.
- Ok, je viendrai mi-février.
- Ah non, là on n’a pas encore les plannings pour cette date.
Morale de l’histoire : « Plus loin ensemble » car « La vie change avec Orange » !
Les slogans de l’opérateur ont visiblement chacun leur part de vérité.
Dans les années 70-80, le service public du téléphone avait développé un réseau dense et performant, avec antennes sur tout le territoire. Aujourd’hui, la péréquation, cette compensation des coûts et profits entre zones plus ou moins rentables avec pour but de réduire les disparités entre usagers, n’est plus qu’un lointain souvenir que l’on cultive avec nostalgie. Bien sûr, il fallait évoluer avec les techniques… mais pourquoi avoir fait le choix de transformer l’usager en client ? Et le service public en jungle commerciale ?
Le moment semble venu de demander des comptes à ceux qui ont soutenu cette libéralisation voulue par la Commission européenne (sortie de l’escarcelle de l’État dès 1988, ouverture à la concurrence en 1998, plan NexT de néomanagement et vague de suicides, à partir de 2004), le tout au nom de la « modernisation » de l’économie.
- Comment ? !…
On me dit dans l’oreillette qu’ils ne sont plus là. »
Dernières Nouvelles d'Alsace du mardi 31/01/2017
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