Entre les âges... Bagdad
Entre les âges...
Bagdad
Au commencement de l’occident
était le verbe d’orient
fruit défendu de la Terre
aux deux fleuves féconds
aux deux cuisses fertiles
gorgées d’eau et d’argile
Et à nouveau la Mort
qui tonne et qui gronde
dans le pays millénaire
de Sumer et d’Akkad
Ciel d’orage et de fer
qui s’abat, arbitraire
en carcasses épaisses
en coquilles funestes
Sang qui coule
sang des hommes
sang des âmes
se dissolvent
dans la nuit
du levant
Ô
visages burinés
par le soleil, les années
par le sort indomptable, les guerres d’antan
ce calme pourtant
fatal
orientale sérénité
Trombes
d’eau et de feu
Déluge
de flamme et d’acier
la terre gémit et se cabre
sous les âpres coups
de la destinée
Puisse la Babylone des anciens
d’âme et de cœur éternelle
puisse la sagesse d’Al-Ma’mûn
esprit du vieux Bagdad
se réveiller enfin
prendre corps soudain
d’un peuple souverain
maître de son destin
Puisse une nouvelle aurore
nouvel âge de raison
poindre à l’horizon
sur les champs de la ruine
dans les gravas de la nuit
Puissent haine, vanité, ingénuité
des Philistins venus des deux rives
s’évaporer incontinent
comme neige au soleil
sur le sable brûlant
du désert
Puisse l’obscurantisme des fanatiques
laisser place
tambour cessant
aux orfèvres de l’esprit
Mathieu Lavarenne (25-03-03)